Résilience: Parcours de mères – Carla
Je suis une maman de 37 ans avec 2 enfants de 6 ans et 2 ans, nés ici. Je suis née au Brésil, j’ai fait un BAC en ingénierie alimentaire là-bas.
Nous sommes arrivées il y a 9 ans. On voulait une meilleure qualité de vie. Après un passage au Québec, nous sommes partis en Ontario et de retour à Montréal ensuite. J’ai fait la francisation.
J’avais le rêve de pouvoir m’arrêter de travailler lorsque j’aurai des enfants et je crois que Montréal me le permet plus facilement.
Quand je suis arrivée, j’ai eu un choc mais positif. Si tu quittes quelque chose de pire pour meilleur, c’est plus facile de s’adapter. Ici il y a la sécurité, la liberté. Au Brésil, on a peur quand on marche la nuit. On reste dans des bâtiments fermés, tu ne vas pas aux parcs de la ville comme ici.
J’aime la culture de Montréal, les 4 saisons. Maintenant, avec un enfant en bas de deux ans, c’est un peu plus difficile l’hiver.
C’est l’éducatrice qui m’a dit que mon fils de 3 ans et demi avait un problème de comportement : il ne regarde pas dans les yeux et il prend les jouets par force. Il n’écoutait pas les consignes et il parlait peu.
A la maison, c’était la même chose mais je ne pensais pas qu’il avait besoin tout de suite d’un suivi en orthophonie. Je pensais juste qu’il avait des problèmes car il y avait trois langues parlées à la maison. Comme j’étais enceinte de mon deuxième, je trouvais que ce n’était pas le bon moment pour tout ça, je n’avais pas l’énergie de chercher un orthophoniste. Le CPE me disait d’aller au privé car au public ça prendrait 2 ans ! Mais le privé ça coûte cher.
J’ai fait la demande tout de même au CLSC en octobre 2018 et j’ai eu le rendez-vous 6 mois après avec une psychoéducatrice au CLSC. Après ce rendez-vous, ça peut prendre plus d’un an pour avoir des services. Il en fallait en orthophonie, en ergothérapie et en psychoéducation.
Pendant ce temps-là, la directrice du CPE a été difficile avec moi, elle faisait pression pour que je fasse quelque chose pour mon fils. Surtout qu’en garderie il fallait le papier pour que mon fils ait droit à une aide et que la garderie reçoive une subvention pour ça.
Je sortais du CPE en pleurant tout le temps. On me parlait difficilement de mon fils, c’était toujours les problèmes de comportement qui ressortaient la dernière année. On ne me laissait pas le temps de “processer” et d’accepter que mon fils avait des besoins.
Six mois après le premier rendez-vous, j’ai beaucoup appelé le CLSC en disant que le quotidien était encore compliqué.
J’avais envie d’y croire, j’étais positive. Il y avait des ateliers pour les parents qui se donnaient quand même. Je n’y suis jamais allée, ça ne marchait pas pour moi, les horaires, le bébé…
Plus d’un an après le premier rendez-vous d’évaluation des besoins de mon enfant, nous avons fini par recevoir les services en orthophonie en suivi individuel mais pas ceux en ergothérapie ni psychoéducation.
Comme je suis persévérante, j’ai rappelé le CLSC en insistant. Quelque fois, j’exagérais un peu la situation. On m’a parlé du service en psychoéducation pour les 6 ans et plus puisque mon fils est à l’école maintenant. Je ne savais même pas que ça existait. J’ai reçu une lettre comme quoi il est en attente. Il a commencé depuis février. Je suis très contente d’avoir ce support.
Une fois que les premiers services en orthophonie ont été mis en place, j’étais très soulagée et satisfaite. Nous avions besoin d’outils, mon fils comme nous en tant que parents. Je suis une maman plus sereine grâce à cela.
Ma persévérance a été la clé. J’ai mis beaucoup d’énergie, je pense toujours que j’ai fait un Baccalauréat et je ne travaille pas. Mais finalement, je me rends compte que je me suis servie de ce que j’ai appris à l’université pour réussir à obtenir des services pour mon fils. Je suis fière aussi et parfois on ne se rend pas compte dans la routine tout ce qu’on a accompli, je suis touchée de m’en rendre compte.
Carla
Ce projet a été réalisé grâce à la contribution financière de la Ville de Montréal et du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.