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Des nouvelles des enfants et des familles

Résilience: Parcours de mères – Khadidja

Je suis maman de 2 enfants, un de 9 ans et un de 7 ans qui a des besoins particuliers. Je suis née en Algérie et mon mari en Irak.

J’ai travaillé comme coordinatrice dans les ressources humaines et mon mari était ingénieur dans le pétrole.

Nous sommes arrivés au Québec en 2016 après avoir vécu en Jordanie. Nous cherchions la stabilité et c’était difficile pour mon mari d’obtenir facilement une résidence permanente ailleurs. On est arrivé ici en tant que visiteurs et on a fait les démarches pour être résidents permanents. Après 2 ans, on a reçu nos cartes de résidence.

Nous avions le goût d’un meilleur avenir pour nos enfants. Ça n’a pas été pas facile, on a dû tout recommencer. La situation de notre fils a brisé nos projets ici au début.

Pour moi, mon fils allait bien quand nous sommes arrivés.

J’ai découvert le mot autisme ici. Son éducatrice m’a dit d’aller chercher de l’aide disant que mon fils était hyperactif, il ne mangeait pas. Elle m’a donné le numéro du Centre de pédiatrie sociale et j’ai eu rendez-vous avec une intervenante.

Je lui ai tout expliqué, et elle m’a dit qu’il y avait de l’attente avant d’obtenir un pédiatre ici. J’ai attendu 6 mois environ…c’était moins long que dans les autres portes où j’ai été toquer.

J’ai fait la demande au CLSC en parallèle car j’avais déjà fait des démarches pour mon autre enfant qui lui avait des retards de langage.

C’était très très très long, j’ai eu la référence à donner à l’hôpital Ste Justine pour l’évaluation, après j’ai attendu…j’appelais et on me disait d’attendre encore…On me disait impossible avant deux ans.

J’ai donc été au privé, j’étais obligée pour avoir l’évaluation et le diagnostic. Je n’avais rien pour lui, je voulais trouver quelque chose.

La psychologue qui a vu mon fils nous a donc donné le diagnostic.

Quand j’ai appris le diagnostic, j’étais prête, je me suis préparée et j’ai aussi préparé mon mari. Ce n’est pas facile, il faut être fort. J’ai mis ensuite le diagnostic de côté, c’est juste un papier pour obtenir des services. Après, je vois la réalité devant moi.

J’ai déposé le diagnostic au CLSC et j’ai attendu encore une année pour avoir le CRDI.

Je n’étais pas contente. Je croyais que le CRDI allait travailler avec mon fils, moi je n’avais pas besoin de parler une heure pour savoir quoi faire avec lui, j’avais besoin de me changer les idées surtout.

Il a des problèmes pour se nourrir, il avait besoin d’ergothérapie. C’était aussi 10 séances, je croyais aussi que ces séances seraient uniquement avec mon fils, mais finalement non c’était avec moi la majorité du temps et quelques 15 minutes avec lui. Ce n’était pas quelque chose de Wahou !

J’ai donc continué au privé, pour des services en orthophonie, des ateliers en ABA et en orthopédagogie.

Depuis tout ça, mon fils a progressé. Il a toujours son problème d’alimentation. J’ai demandé à l’ergothérapeute de l’école s’il était possible de faire un suivi mais elle ne pouvait pas car ce n’est pas son mandat. Avec la pandémie, beaucoup de choses sont fermées mais je cherche toujours le bon endroit pour lui.

Ce n’est pas évident, le privé coûte cher, ça nous endette. Juste une consultation en psychologie, c’est 140$.

Maintenant j’ai repris un travail, je cherche pour faire plus d’heures car le service de dîner où je travaille, c’est seulement 2h par jour. J’aimerais être intervenante auprès des enfants TSA…Mon expérience avec mon fils m’aide. J’aime donner. Il faut être riche dans ton cœur dans la vie.

De mon côté, en société, je fais comme si je ne voyais personne, j’ai une personnalité très dure. On m’a déjà dit « éduque ton fils à la maison », j’ai répondu « OK merci ». Je ne suis pas obligée d’expliquer à mille personnes la situation de mon fils.

Avant, je ne sortais pas car mon fils se sauvait, c’était impossible de faire l’épicerie avec lui, il prenait tout ce qui était par terre. Pendant 4 ans, c’était compliqué, on allait juste aux parcs où il pouvait courir.  Depuis qu’il va à l’école, il fonctionne mieux en société. J’attendais juste qu’il grandisse et que ça passe. Ça va mieux qu’avant, je vois le positif.

Je suis patiente, une fausse calme aussi peut être. Je laisse le temps faire les choses comme si je faisais cuire quelque chose à petit feu.

Je suis aussi résiliente, j’ai vécu d’autres expériences dans ma vie qui ont fait ma personnalité forte.

Maintenant après 4-5 ans, on commence à respirer, mon mari reprend des formations pour reprendre une job dans son domaine. Maintenant, j’ai une petite voiture, je conduis depuis récemment et je bouge tout le temps pendant que mon fils est à l’école. Je ne reste pas en place, j’aime le voyage et le sport, je fonce et il y a Dieu qui est là.

Pendant 4 ans, je suis restée coincée et j’ai mis mon fils en priorité mais maintenant je reprends un peu de vie.

 

Ce projet a été réalisé grâce à la contribution financière de la Ville de Montréal et du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

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