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Des nouvelles des enfants et des familles

Résilience: Parcours de mères – Cynthia

J’ai 37 ans, maman de trois enfants de 10 ans, 7 ans et 3 ans dont un qui a des besoins particuliers et le dernier en attente d’évaluation. Je suis née à Montréal.

Mes parents ont immigré de l’archipel des Açores qui appartient au Portugal.  Quand j’ai eu 2 ans, nous sommes repartis là-bas, on est revenu quelques années plus tard pour l’éducation au Canada. Je ne savais plus parler français même si je suis née ici. J’ai appris le français dans une école pour immigrants en revenant ici.

Je me suis sentie perdue à mon retour à 9 ans ici. Je ne comprenais pas tout, à cause de la langue mais aussi parce que je vivais sur une île aux Açores.

Je me sens montréalaise, je prends le meilleur des deux cultures par rapport à ma personnalité. Tu te crées ton identité. Montréal est multiculturelle et c’est ce que j’aime.

Ne pas avoir peur des différences m’a aidé à me sentir bien ici.

 

J’ai commencé à observer des choses chez mon fils vers ses 18 mois, je sentais que quelque chose n’allait pas. Mais quand on est maman, on doute toujours…Je ne me sentais pas à l’aise avec mon pédiatre à ce moment-là, ça manquait d’explication donc j’ai changé et enfin j’ai trouvé un médecin qui s’est assis avec moi et m’a expliqué que je devais faire voir mon enfant à l’hôpital Ste Justine car il y avait des suspicions…alors là je me suis dit enfin il y a quelqu’un qui m’a expliqué le déroulement.

Après 8 mois, il a été évalué, ça a été plus rapide que pour d’autres car il a une maladie en parallèle, je m’estime chanceuse. Je sais que ça peut prendre parfois même 2 ans.

Je voulais tout de suite savoir mais là encore tu dois attendre que la psychoéducatrice te donne un autre rendez-vous pour les résultats. Quand on est maman, on veut savoir tout de suite. Et là, on m’a dit de venir accompagnée…

J’étais prête à entendre, je voulais surtout savoir et là j’ai appris qu’il était autiste léger mais aussi qu’il avait une autre maladie que je ne connaissais pas et j’ai dit mais c’est quoi ça ?

Le personnel médical à Ste Justine était soutenant mais chaque rendez-vous était compliqué. C’était des crises de mon enfant qui avait 2 ans environ. J’avais comme unique solution la tablette pour le calmer…je me rappelle un jour la tablette a manqué de piles…il a commencé à vouloir s’enfuir…j’ai crié dans le couloir Fermez les portes ! car mon enfant était très rapide.

 

Après ça, j’ai eu des rendez-vous au CLSC avec une travailleuse sociale mais elle n’était pas là à 100% car on n’était pas considéré comme un cas lourd. On m’a dit ça comme ça.

 

J’aurais attendu pour toujours si j’attendais le service par Ste Justine alors que mon enfant avait des troubles sévères du langage.

Financièrement nous ne pouvions pas assumer des services privés, car je reste à la maison. C’est impossible de travailler. Quel employeur te permet de t’absenter au moins une fois par semaine pour que tu suives ton enfant dans ses rendez-vous ? C’est un travail à la maison qui n’est pas valorisé.

 

Vers 4-5 ans, il a reçu les services du CRDI (Centre de réadaptation) mais au début, j’ai refusé parce que je ne comprenais pas ce qu’ils allaient faire, à part venir chez moi…je crois que mes émotions ne me permettaient pas de comprendre plus. Quand j’en ai compris l’intérêt, j’ai accepté. Parfois, je trouvais ça difficile de toujours demander, j’aurais aimé qu’un appui psychologique soit automatiquement proposé comme un service au CLSC.

 

La société a encore beaucoup de travail à faire pour accepter les enfants autistes, c’est juste une façon différente d’apprendre et de fonctionner.

Je suis sûre que si on respecte leur rythme ils seront épanouis, on ne doit pas leur faire sentir qu’ils sont différents…mon fils le sait déjà qu’il l’est…je le vois dans ses yeux parfois, il ne sait pas l’exprimer. Il est comme superman, il a tous ses sens très développés donc comment faire pour fonctionner en société ?

Et quand je ne serai plus là, je me pose la question de ce qui va arriver à mon fils en tant qu’adulte autiste, je ne veux pas qu’il soit dans une résidence juste à attendre sa mort.

J’ai donné mon 200% pour mon fils et j’en suis fière.

Cynthia

 

Ce projet a été réalisé grâce à la contribution financière de la Ville de Montréal et du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

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